A sa création en 2002, Un Plus Bio se donnait pour mission de promouvoir une alimentation bio et locale dans les cantines. Très avant-gardiste pour l’époque !
“Pendant une dizaine d’années, Un Plus Bio a accompagné des collectivités à revenir à une alimentation de qualité, bio et locale. L’équipe était composée de formateurs cuisinier, de diététicien·nes et de nutritionnistes. Notre façon d'accompagner ces changements était d'amener les équipes de restauration à retrouver du plaisir et du sens à ce métier”, explique Inès Revuelta, animatrice chez Un Plus Bio.
La volonté politique d’Un Plus Bio
C’est à travers l’accompagnement de ces collectivités, et le contact auprès d’élu·es et des cuisinier·es, qu’Un Plus Bio a construit sa vision. “Manger bio c’est politique. Pour changer les pratiques dans les cantines, fédérer les élu·es autour de cet enjeu est donc apparu comme une évidence.”
Un Plus Bio a ensuite porté cet argumentaire auprès des élu·es : “Porter aujourd’hui une alimentation bio dans les cantines c’est un choix d’avenir pour les territoires, pour la santé, pour l’environnement et pour la rémunération des agriculteur·ices.”
Un Plus Bio, des projets à fort impact !
C’est de cette ambition qu’est né le Club des Territoires en 2013. Il s’agit d’un réseau national d’élu·es qui portent l’ambition de faire évoluer l'alimentation sur leurs territoires, vers plus de bio et de local. En 10 ans, le club qui avait été créé avec 20 membres fondateurs, représente aujourd’hui 1390 collectivités (communes, EPCI, départements et régions), autant rurales qu’urbaines, preuve de la montée en puissance des engagements politiques en faveur de l’alimentation !
Dans le cadre des échanges et des évènements organisés par le club, des élu.es, des agent·es, mais aussi des penseur·euses, philosophes ou chercheur·euses viennent apporter leur regard ou témoigner de leur expérience. "Il est capital de créer des passerelles entre territoires parce que des réussites peuvent permettre à d’autres élu·es d’activer une transition. Il y a besoin d’une accélération sur les enjeux alimentaires : les initiatives ne manquent pas, ce qu’il faut ce sont des arguments, des données solides et des itinéraires inspirants pour permettre aux élu·es d’arbitrer," déclare Inès Revuelta.
Pour informer les collectivités sur les enjeux alimentaires et créer une culture commune, Un Plus Bio a aussi monté la revue Jour de Fête, Les Matinées d’Un Plus Bio et Les Victoires des Cantines Rebelles. Les initiatives des collectivités qui proposent une autre alimentation (bio, locale, vivante et saine avec des prix rémunérateurs) sont récompensées lors d’une cérémonie à Paris au mois d’octobre. Une véritable cérémonie des Césars de la restauration collective !
Un Plus Bio a aussi lancé les Friches Rebelles, une expérimentation en cours depuis maintenant deux ans et qui a vocation à prendre de l’ampleur. Cette recherche-action se fait en partenariat avec la SAFER Occitanie. "D’un côté on a des cantines qui veulent des produits bio et locaux et de l'autre, des friches agricoles irriguées ou irrigables qui pourraient avoir une vocation nourricière. Comment est-ce qu'on pourrait reconnecter ces ressources avec les besoins des cantines ?” C'est en essayant de trouver des solutions communes que sont nées les Friches Rebelles. "Une des exigences de la démarche était que les friches soient remises en production en bio afin qu'il y ait une plue-value pour l'environnement mais aussi que les collectivités en face puissent s'engager sur des prix et des volumes.” Un Plus Bio et la SAFER Occitanie travaillent aujourd’hui sur les leviers juridiques pour faciliter cette démarche, à retrouver dans leur “petit guide du foncier nourricier”.
L’Observatoire des Paysages Alimentaires : l’outil d’Un Plus Bio.
Le premier observatoire d’Un Plus Bio a été créé en 2017. L’objectif était de synthétiser des données sur le bio et le local au niveau national. "Il y avait beaucoup de collectivités qui se lançaient mais on entendait toujours les mêmes arguments, que manger bio coûtait trop cher et que s’il s’agissait de produits bio provenant de l'autre bout du monde ce n’était pas la peine. Au final, on s'est rendu compte que le bio n'était pas forcément un facteur d’augmentation du coût consacré aux achats alimentaires".
Les différentes enquêtes ont montré que le coût des denrées par repas variait surtout en fonction de la taille de la cantine, de son fonctionnement, sa localisation ou le choix des fournisseurs. "Les cantines utilisant du bio mettaient en place des actions en parallèle pour rééquilibrer les budgets : lutte contre le gaspillage alimentaire, un ou deux menus végétariens par semaine qui coûtent moins cher…". Autre constat de l’observatoire : lorsqu’on constate une augmentation des approvisionnements en bio, on identifie aussi une augmentation de la part des produits locaux.
Récemment, cet Observatoire de la restauration collective bio et durable est devenu l'Observatoire des Paysages Alimentaires. L’objectif : aborder d'autres sujets que les pratiques dans les cantines, tels que le foncier, la santé et la gouvernance. "La notion de paysage alimentaire parle aux élu·es et aux équipes en charge de ces enjeux de territoire. Elle montre qu'il y a plein de ficelles sur lesquelles on peut tirer dans les politiques publiques pour agir sur l'accès à une alimentation de qualité. Si on veut continuer à proposer des produits bio et locaux dans les cantines il faut aussi penser à une stratégie foncière pour préserver les terres agricoles, à des projets éducatifs..."
Un Plus Bio, partenaire de Nona pour un accompagnement des collectivités complémentaire
Nona est partenaire de l'Observatoire des Paysages Alimentaires en contribuant à enrichir cette base de données nationales avec ses chiffres. Le but : accélérer l'atteinte d'objectifs ambitieux en matière d'alimentation. Un tel dispositif permet d’aider les élu·es et les agent·es à peser sur les décisions grâce aux données quantitatives, aux arguments solides et aux itinéraires inspirants fournis par l’observatoire. Inès Revuelta nous explique que bien qu’elle soit un de nos besoins fondamentaux, l’alimentation est loin d’être prioritaire dans les arbitrages.
Un dernier mot pour passer à l'action ?
Inès Revuelta termine l’entretien en évoquant leur Club des Territoires : "En adhérant au Club des Territoires on participe à des temps d'échange, on rencontre des territoires... Adhérer c'est acter un engagement pour sa ville : c'est assurer qu'il y a un début de transition qui s'opère.”